Le PDG d’UniCredit, Orcel, poursuit une fusion avec Commerzbank
Andrea Orcel, PDG d’UniCredit, poursuit activement une fusion avec Commerzbank (ETR:CBKG), visant à créer une entité bancaire paneuropéenne importante.
Cette initiative est perçue comme la démarche d’Orcel pour remodeler le paysage bancaire européen, malgré une opposition majeure, notamment du chancelier allemand Olaf Scholz qui a qualifié l’approche d'»attaque inamicale».
Orcel, conseiller chevronné en fusions-acquisitions, a pris les rênes d’UniCredit en 2021 et est depuis déterminé à ne pas céder aux pressions qui poussent souvent les PDG à conclure des accords hâtivement. Sa stratégie a conduit UniCredit à acquérir discrètement une partie de Commerzbank, la deuxième plus grande banque cotée en bourse d’Allemagne. Cette démarche s’aligne sur l’encouragement réglementaire à former des banques plus importantes capables de concurrencer Wall Street, mais elle se heurte souvent à une résistance politique.
Selon Filippo Alloatti, responsable du crédit financier chez Federated Hermes, qui investit dans les deux banques, l’approche d’Orcel est qualifiée d'»astucieuse, audacieuse et déterminée». Sous la direction d’Orcel, le cours de l’action d’UniCredit a plus que quadruplé et la banque est maintenant nettement plus rentable que Commerzbank, malgré les coûts d’endettement plus élevés de l’Italie.
Le passé d’Orcel inclut un rôle clé dans l’acquisition et le démantèlement ultérieur de la banque néerlandaise ABN Amro par la Royal Bank of Scotland, une opération qui s’est terminée de manière désastreuse pendant la crise financière mondiale. Fort de ses expériences passées, Orcel est prudent, déclarant lors d’une conférence bancaire cette semaine qu’il est prêt à abandonner une transaction potentielle si elle ne peut pas être structurée à sa satisfaction.
Bien que n’ayant pas engagé de discussions formelles de fusion ni embauché de conseiller externe, UniCredit a obtenu une exposition à 21% de Commerzbank par le biais d’actions et de produits dérivés. La Banque centrale européenne doit approuver tout investisseur détenant plus de 10% des actions d’une banque.
La poursuite de Commerzbank par Orcel a été confrontée à un changement de tactique suite au contrecoup initial après la révélation de la participation de 9% d’UniCredit le 11/09/2023. Le gouvernement allemand ayant signalé son intention de ne pas vendre davantage de ses actions Commerzbank, UniCredit a augmenté sa participation en utilisant des produits dérivés.
Le PDG d’UniCredit a l’habitude de défier l’autorité et de faire des mouvements audacieux. Il a abandonné un accord pour acquérir la banque en difficulté Monte dei Paschi en 2021 et a récemment contesté la demande de la Banque centrale européenne à UniCredit de réduire ses activités en Russie.
La future PDG de Commerzbank, Bettina Orlopp, a juré de maintenir l’indépendance de la banque, et les syndicats sont prêts à s’opposer à toute prise de contrôle, avec une élection allemande en 2025 qui pourrait solidifier cette résistance.
L’approche d’Orcel en matière de prise de décision est décrite par ses collègues comme privée et exigeante, conduisant souvent à un fort turnover des cadres supérieurs chez UniCredit. Ce style contraste fortement avec le leadership stable d’Intesa Sanpaolo. Malgré les défis, la poursuite de Commerzbank par Orcel reflète son ambition de laisser un héritage significatif dans le secteur bancaire européen.
Reuters a contribué à cet article.